23 février 2017

Les particuliers prêtent aux entreprises

En 2014, la loi Macron I a commencé à libéraliser les flux financiers, les particuliers pouvant désormais diriger leur épargne vers les entreprises. Les épargnants y ont aussitôt vu une façon de donner un autre sens à leur argent, avec soutien à l’économie réelle et projets de leur choix. Le tout, avec des taux de rémunération bien plus élevés que ceux du livret A, ou le risque de tout perdre... D’où la volonté du législateur de limiter les mises à 2 000 € pour une même entreprise. « Ça demeure un investissement à risque », ne craint pas d’avertir Fabien Michel, fondateur de Pret’Up à Nancy. « Pour autant, sur 115 dossiers traités depuis notre création en mai 2016, deux seulement sont en phase de recouvrement poussé. » La start’up est adossée à Partner Finance, une société de courtage et gestion de crédit fondée par Benoît Michaux, par ailleurs business angel très investi en Lorraine. Fabien Michel avait dix ans d’expérience bancaire derrière lui lorsqu’il a imaginé cette plateforme de prêts aux entreprises en ligne. En un peu plus de six mois, la plateforme annonce 4 600 prêteurs inscrits pour 2,5 M€ d’emprunts. Fabien Michel préfère parler de complément par rapport aux banques. « On intervient sur des prêts à durée courte, deux ans, dans des secteurs que les banques ne financent pas ; renfort marketing, refonte d’un site internet, etc. Les agences bancaires nous envoient des dossiers. » Prêt’Up se dit capable de lever 50 000 € en 5 ou 6 heures. « Les particuliers sont en attente de nouvelles entreprises. On est dans une forme d’économie collaborative. » Avec un reversement de 3 à 4 % d’intérêt. La plateforme, elle, se rémunère à 4 %. L’entrepreneur lui, paye en moyenne son emprunt à 8,5 %. La rançon de la rapidité et du crédit à court terme. Pourtant, la solvabilité de l’entreprise est scrupuleusement analysée. « On croise les données, on a accès au fichier Banque de France, on sait exactement où il faut regarder. Seulement 5 à 7 % des demandeurs passent notre filtre. » Deux Lorrains, Laurent Koehl et Mathieu Wentzinger, ont monté la plateforme de croundfunding Freelendease pour prêts et dons aux entreprises du Grand-Est uniquement. Lancé en octobre 2015, Freelendease ne bénéficie pas de la même force de frappe que Pret’Up. Neuf projets seulement ont été financés jusqu’à présent avec plus de demandes de dons que de prêts dont la rémunération monte pourtant jusqu’à 7,5 %. « Nous sommes en phase de croissance, affirme Mathieu Wentzinger. Nous allons signer un partenariat avec une banque. Nous sommes en phase de révolution de moyens de paiements et circuits d’argent. Nous attendons aussi l’agrément pour l’immobilier avec la possibilité de prêter à des promoteurs sur 12 à 24 mois avec des retours à 10 % d’intérêts. » Source : Est Républicain - 18/02/2017