Benoît Michaux, fondateur du groupe Mentor : l’homme aux 120 entreprises

Paru le , La Semaine
photo article de presse

Surprise garantie. Là, juste derrière les portes du siège du groupe Mentor à Dommartemont (Meurthe-et-Moselle), deux corps nus entrelacés. Sculpture déroutante, plus vraie que nature. À côté, un robot, doté de la parole. Et ailleurs dans les locaux, d’autres œuvres d’art, toutes un peu farfelues. À l’image de notre homme, finalement. Car Benoît Michaux est plutôt du genre fantasque. Démarche rapide, verbe assuré, ici, il est le maître des lieux. D’ailleurs, le siège de Mentor, groupe qu’il a fondé en 1998 et qui compte aujourd’hui 1 800 salariés pour 120 entreprises, n’est autre que son ancienne maison aménagée depuis le départ du domicile de ses trois enfants.

La piscine elle, est toujours là. Les équipes peuvent en profiter lors de soi- rées qui viennent égayer l’année. « À présent, je vis dans une forêt, au cœur d’un parc naturel, avec des animaux », explique-t-il. Barbe impec- cablement taillée, look citadin, Benoît Michaux n’en demeure pas moins un enfant de la cam- pagne, qui a grandi à Ligny-en-Barrois (Meuse) dans une famille d’apiculteurs. Les abeilles jus- tement. Une passion. Pour de vrai. « les affaires c’est bien, mais il faut servir une cause. Alors, via la plateforme Apis & Love, on gère des dons pour aider les gens qui veulent créer des projets autour des abeilles, comme des ruches pédagogiques. » Impossible de ne pas avoir le regard attiré par les nombreux objets de déco disséminés dans le bureau. Et ça, Benoît Michaux ne manque pas de le remarquer. « Je suis un boulimique. Si je pouvais être chanteur, je le serais. Quant à l’art, j’ai toujours dessiné, fait de la peinture. Alors je suis très sensible au travail des artistes. »

Facile d’accès, Benoît Michaux se livre. Arrive la discussion autour de l’entourage. Cruciale la famille. D’ailleurs, en septembre Benoît Michaux a officiellement cédé le groupe Men- tor à ses enfants Loïc et Pierre Michaux. Le cadet, Théophile, préfère pour l’instant épou- ser une carrière solo, comme entrepreneur et influenceur autonome. Quant à l’avenir de notre homme ? « Je voulais transmettre à mes enfants tant que je suis en bonne santé. L’objectif est de bâtir une dynastie des Michaux », envoie- t-il en riant. « Je vais être très sérieux. Jusqu’à 80 ans, je compte continuer de travailler comme aujourd’hui. Passé cet âge, je viendrai de temps à autre, jusqu’à mes 100 ans. Après, je me mettrai en préretraite, jusqu’à mes 120 ans. » Fantasque, on vous l’avait dit.

Le Mensuel : Comment le groupe Mentor est passé d’une agence immobilière à un groupe de 120 entreprises ?

Benoît Michaux : On commence l’histoire à quel moment ? (Rires). L’appel du ventre vers l’entrepreneuriat intervient en 1989. Là, je souhaite fonder un projet autour d’un produit qui concerne tout le monde : soit le logement, soit l’alimentation. C’est ainsi que j’ouvre une agence immobilière à Nancy à l’âge de 28 ans. Puis une deu- xième. À partir de là, j’estime qu’il faut compléter l’activité. Alors, je me mets à proposer du financement immobilier et du rachat de crédit à destination des familles.

Aujourd’hui, vous êtes devenu un leader de la finance et du rachat de crédit en France ?

Je crée Partners Finances en 1996. Elle se spécialise dans le rachat de crédit et grimpe à 800 collaborateurs dans quatre pays pour 1,5 milliard d’euros de montant de crédit produit. Récemment, on a marié le groupe à un autre afin de faire naître le Groupe Empruntis, fondé avec le fonds d’investissement Bridgepoint. Aujourd’hui, l’entité regroupe 310 agences et propose des offres diversifiées autour du prêt immobilier, du prêt à la consommation, du regroupement de crédits, de l’assurance de prêt…

Depuis la fusion, ce seront plus de 8 milliards d’euros de volume de crédits produits, ce qui doit nous placer comme leader en France dans la finance de la famille en termes de courtier. On s’est aussi diversifié puisque l’on fait aussi du crowdfunding immobilier. On a par exemple racheté l’entreprise Raizers qui opère en France, Suisse, Belgique, Luxembourg et Italie (15 salariés ; 120 millions d’euros de financement aux promoteurs) qui finance les promoteurs immobiliers. Lorsqu’un projet est lancé, le professionnel peut réclamer un prêt bancaire ou passer par une plateforme de crowdfunding participatif. C’est là que Raizers intervient : la société se charge de trouver des prêteurs privés pour porter l’investissement, jusqu’à plusieurs millions d’euros.

Pour poursuivre notre dynamique, on souhaite à présent gros- sir à l’étranger. Nous sommes en plein examen de dossiers : des plateformes de crowdfunding et des groupes dans la finance de la famille. L’international doit devenir un relais de croissance important pour nous car on est leader en France et que le potentiel est à l’étranger. C’est un changement de stratégie. Avant, on ne cherchait pas à réaliser de croissances externes car on est un groupe plutôt un créateur d’entreprises.

Le groupe Mentor est spécialisé dans la finance, et beaucoup plus que ça ?

Aujourd’hui, Mentor, holding née en 1998 qui a réalisé 265 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 et ambitionne une activité de 350 millions d’euros cette année, regroupe 120 entreprises pour trente métiers différents autour de grands secteurs : la finance, l’immobilier, le numérique, le marketing. Jusque-là, la finance repré- sentait 80 % des effectifs de Mentor, mais cette année, finance et hors finance devraient être à l’équilibre.

Aujourd’hui, quel pôle connaît la plus forte croissance ?

Tous sont en croissance. Aujourd’hui, Mentor, représente un peu plus de 1 800 collaborateurs et on doit passer le cap des 2 000 fin 2022. Cet été, nous sommes entrés au capital de l’entreprise Nancomcy basée à Nancy pour renforcer notre savoir-faire dans le numérique qui regroupait avant cette acquisition, 100 salariés. On va les aider à aller très vite. Aujourd’hui, ils sont 80. On va doubler les effectifs d’ici la fin de l’année. Ils proposent des solutions de communication pour les petites entreprises peu familiarisées avec le web. Nan- comcy prend en charge tous les développements informatiques (réseaux sociaux, publicités, création de sites internet) et fonctionne en louant ses services. Le client paye un abonnement (qui démarre à 49 euros, ndlr) pour accéder aux services. Pour lui, c’est comme s’il bénéficiait d’une agence de communication personnelle. De façon générale, notre secteur numérique doit être boosté car tous les métiers se digitalisent et il faut donc acquérir toujours plus de compé- tences dans le domaine.

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